Vivre aux USA quand on est sportif : Quel visa choisir ?

1.Quel visa choisir ?

Le choix du visa est important, car il va déterminer la direction que nous prenons. Lorsque je me suis expatriée aux Etats-Unis, et après avoir rencontré trois avocats spécialisés, je me suis sentie perdue devant le choix restreint de possibilités qui s’offrait à moi.

Les informations ci-dessous ne sauraient en aucun cas remplacer les conseils d’un avocat spécialisé dans l’immigration. Les prix indiqués sont variables, et dépendent de l’intervention d’un spécialiste ou non, et des divers frais du gouvernement (évolutifs d’années en années). Bien évidemment, chacun peut faire sa demande par lui-même afin d’éviter les frais et honoraires, mais le dossier devrait dans ce cas être impeccable.

Plusieurs options s’offrent aux sportifs, et chacune possède des caractéristiques bien différentes :

 – ESTA : c’est une option facile mais temporaire, puisqu’un ESTA ne permet de rester que 3 mois sur le territoire. Certains tentent de faire des allers-retours à l’étranger (aux Bahamas par exemple) pour pouvoir rentrer à nouveau aux USA. Au bout d’un moment, l’accumulation de voyages commence à éveiller les soupçons des services d’immigration. L’ESTA ne permet pas non plus de travailler. Cette option est donc à retenir seulement pour votre repérage de terrain en tant que touriste. Coût : 25 dollars en moyenne.

VISA B1/B2, pour les touristes de longue durée. Celui-ci permet de rester six mois, et est renouvelable six mois de plus, soit un an au total. Ce visa ne permet pas de travailler et donc d’être sportif professionnel. Même si de nombreux combattants outrepassent cette loi en ne remplissant jamais la fiche d’impôts qui accompagne la paye, on ne peut légalement pas être payé par une organisation professionnelle sur le sol américain quand on est touriste. Coût : entre 150 et 180 dollars.

– VISA ETUDIANT, pour les étudiants comme son nom l’indique. Cela signifie que les études seront prioritaires sur la pratique sportive. Il a l’avantage d’être moins cher que les autres, et vous mettez toutes les chances de votre côté pour devenir bilingue et donc de mieux vous intégrer. Mais il est très contraignant dans la mesure où le volume horaire à respecter peut-être important et donc être incompatible avec la pratique sportive à haut niveau à moins d’appartenir à une équipe de lutte universitaire par exemple. Ce visa ne permet de travailler que sur le campus. Coût : entre 800 et 2000 dollars (hors frais scolaires qui peuvent être financé par une bourse d’étude pour sportifs)

VISA P1, le visa des sportifs. L’UFC, par exemple, offre ce visa à tous ses combattants amenés à combattre aux USA. Pour tous les autres cas, il est fortement conseillé d’avoir déjà une certaine expérience sportive, et de belles reconnaissances (des titres nationaux au minimum) à son actif. Important : chacun des « exploits » doit être prouvé (article de presse, média, poster, photos, lettre de recommandation) et retranscrit en anglais. Il est également demandé d’avoir un « sponsor », c’est-à-dire un club, une organisation, une entreprise, en lien avec le sport que l’on pratique, et qui se porte garant de la raison pour laquelle le prospect entre aux USA. Ce sponsor devra payer quelques frais gouvernementaux (moins de 1000 dollars en général). Généralement, lorsqu’un combattant n’est pas pris en charge par une organisation, il proposera au sponsor qui accepte de signer ses documents de payer le « fee » pour lui, ou de le déduire de sa prochaine prime de combat. Ce visa permet de travailler, et de percevoir un salaire, mais présente une contrainte que j’ai appris à mes dépens : le visa est totalement lié au contrat avec le sponsor. Donc la durée du contrat sera aussi la durée du visa, et on ne pourra « officiellement » percevoir un salaire que par ce sponsor, car c’est lui qui a été signifié à l’immigration.  Il est d’une durée maximale de trois ans. Coût : entre 3 000 et 6 000$ (payable en trois/quatre fois).

VISA 0-1, le visa pour les personnes ayant des qualités extraordinaires dans le monde de l’art ou du sport. Si vous avez été champion international et êtes reconnu en tant que tel, vous pouvez y prétendre. Néanmoins, les délais d’obtention sont plus longs (cela peut prendre plusieurs années), et le prix est un peu plus élevé. Mais il y a un avantage et pas des moindres que j’ai malheureusement appris trop tard (mon dossier pour le P1 avait déjà été payé et envoyé à l’immigration). Lorsqu’on est dans le processus du O-1, l’avocat en charge du dossier peut demander une autorisation spéciale pour voyager librement et travailler en toute légalité. Autrement dit, vous avez les mêmes avantages qu’une Green card, sans n’avoir aucun visa. Le simple fait d’être dans le processus est suffisant. Ce visa permet donc de rester très longtemps sur le territoire tout en travaillant. Le prix varie entre 5 000$ et 10 000$ en fonction de l’avocat choisi.

GREEN CARD, c’est le sésame pour tous les immigrés, puisqu’elle offre la possibilité d’obtenir la résidence permanente américaine. Elle permet de postuler à n’importe quel emploi, sans visa. C’est aussi la porte d’entrée à une future citoyenneté aux États-Unis (si jamais vous décidiez d’y passer votre vie). La carte verte s’obtient de différentes manières : grâce à une entreprise qui vous embauche et vous sponsorise (se porte garante des raisons pour lesquelles vous êtes aux USA), par la loterie (55 000 candidats par an obtiennent une carte verte de cette manière), ou par le mariage ou un lien de parenté avec un citoyen américain. Faute d’opportunités, de nombreux immigrés se tournent vers l’option du mariage blanc, un business très répandu mais très illégal. Certains épousent leur amie ou cousine lointaine, d’autres paient la somme 10 000$ en moyenne auprès d’un(e) inconnu(e) pour obtenir la carte verte, mais il en coûtera trois années d’engagement marital avec ce(tte) dernier(e) pour devenir résident permanent.

VISA E-2, ou « Visa Investisseur », est une option intéressante, particulièrement si on part avec une famille. C’est un visa américain dit non-immigrant, c’est-à-dire qu’il ne débouche pas sur une carte verte ou la nationalité américaine au bout d’un certain temps. C’est donc un visa pour les « investisseurs », qui souhaitent créer ou racheter une entreprise aux États-Unis, et il est accordé pour une durée de 2 à 5 ans, renouvelable. Selon les services de l’immigration américaine, il faut remplir quelques conditions afin d’obtenir le visa E-2 aux États-Unis. Vous devez tout d’abord être citoyen de l’un des pays ayant signé un traité le permettant, dont font partie la France, la Belgique, la Suisse, le Luxembourg et le Canada. Le montant à investir dépend de l’activité de la société, et peut donc varier. Cependant, il est très risqué de déposer un dossier à l’immigration avec moins de 60 000$ d’apport. Si le demandeur du visa choisit d’investir dans une société déjà existante, il devra au moins détenir 50% des actions ou des parts de l’entreprise, et y occuper une fonction de direction. Tout demandeur de Visa E-2 peut emmener avec lui sa/son conjoint(e) (sous la condition d’être marié ou pacsé) et ses enfants ; ils se verront tous attribuer un Visa E-2 « dépendant ». Le ou la conjoint(e) pourra, grâce à ce visa, demander une autorisation de travail, et les enfants, la possibilité d’étudier et de rester sur le territoire sous ce visa jusqu’à l’âge de 21 ans.


2. Bien choisir son avocat

Même si le recours à un spécialiste n’est pas obligatoire, il est fortement recommandé d’avoir un avocat pour les demandes de visas aux États-Unis. Comme vous avez pu le remarquer dans le chapitre précédant, le droit de l’immigration aux États-Unis est complexe et change constamment. Le moindre séjour sur le sol américain doit être autorisé par un visa qui peut être plus ou moins compliqué à obtenir.

En plus de vous faire gagner du temps, l’avocat d’immigration vous fait bénéficier de son expérience. Chaque personne est unique, chaque demande de visa également, donc l’avocat est aussi là pour éplucher votre demande et votre profil, et définir la meilleure approche.

En théorie, c’est la solution à adopter, mais dans la pratique ce n’est pas si simple.  Après avoir eu trois mauvaises expériences, je recommande vivement de bien choisir son avocat une fois sur place. Je me souviens que le premier m’avait suggéré en boucle l’idée du mariage blanc, le deuxième m’avait fait comprendre que personne ne voulait de moi aux USA et qu’il valait mieux rentrer en Europe, et le troisième me demandait plus de 6000 $. Bref, tous avaient une vision de la réalité complètement différente, et tous avaient des protocoles bien différents. Je sentais également leur manque de connaissance dans mon domaine. Je me souviens que l’un deux me demandait d’obtenir une attestation d’une fédération de kick boxing, alors que je pratiquais le Mixed Martial Art. J’ai donc finalement demandé conseil à mon manager, qui m’a redirigé vers un avocat new-yorkais en charge des dossiers des combattants de l’UFC (MMA). La réputation de cet avocat ainsi que son expérience étaient solides. Mais mon cas était complexe et semblait lui poser quelques problèmes de compréhension. J’aurais pu être mieux orientée, au regard du résultat obtenu et de son cortège de surprises.

En effet, j’ai opté pour le visa P1 dit « visa sportif ». On peut obtenir ce visa, quand on est un sportif ou entraîneur reconnu internationalement. Pour obtenir ce visa, il m’a fallu contacter toutes les fédérations, tous les entraîneurs, tous les sportifs, et tous les journalistes qui avaient un jour été témoins de mes accomplissements sportifs au niveau international. J’ai obtenu des lettres de recommandation de la fédération française de boxe, de la fédération internationale de MMA, de la fédération de MMA du Luxembourg, de l’American Top Team, de Sarah Ourahmoune (vice-championne Olympique de Boxe), d’Amanda Nunes (double championne de l’UFC), de Mike Brown (le coach élu trois fois consécutive « meilleur coach de l’année »), de Kayla Harrisson (championne Olympique de Judo), etc. J’ai aussi réussi à obtenir un contrat avec TITAN FC, l’organisation locale en Floride. Et j’ai ensuite fait traduire tous mes articles de presse en anglais, afin d’obtenir un dossier qui ne laisserait pas l’ombre d’un doute quant à ma valeur et ma notoriété internationale. Mon avocat m’avait expliqué qu’il serait plus rapide et facile d’obtenir ce visa P1. Et c’est vrai, je l’ai obtenu assez vite. Mais ce qu’il avait oublié de me dire c’est que la date de péremption de mon visa dépendait de mon contrat avec l’organisation pour laquelle je combattais. J’étais convaincue que ce dernier me permettrait de rester trois ans sur le territoire (comme tous mes amis du gym), ce qui était largement suffisant pour se faire une expérience significative aux USA.

J’ai donc découvert, après avoir déboursé 5000$, que je ne serais autorisée à rester que dix mois, ce qui correspondait à la durée de mon contrat avec l’organisation TITAN FC. Alors qu’inversement, le visa O-1 dit « visa pour habilités exceptionnelles », auquel j’étais aussi éligible, aurait pris plus de temps (plusieurs années parfois), mais me permettait d’avoir les mêmes droits qu’une Green Card, tout en étant dans le processus. Et cela, je l’ignorais aussi. Je pense donc qu’un avocat doit absolument poser toutes les questions importantes quant à nos objectifs et désirs dans la vie, que ce soit à court ou long terme, que ce soit professionnel ou sportif. C’est ainsi qu’il peut répondre au mieux à nos demandes.

A quoi reconnait-on un avocat sérieux et pertinent ?

– Il vous a été recommandé par des sportifs, un manager ou une organisation, pour qui les démarches ont abouti sans encombre,

– Il pose toutes les questions nécessaires à la compréhension de votre cas,

– Il vous présente toutes les options possibles dès le premier entretien, et ses informations sont précises,

– Il a de l’expérience et des références similaires à la vôtre dans votre domaine,

– Il est réactif et disponible quand vous lui écrivez des emails, ou quand vous lui téléphonez,

– Il n’est pas réfractaire aux paiements en plusieurs fois (deux à trois paiements sans frais, c’est la norme),

– Il présente le tarif global, et pas seulement ses honoraires. Il y a souvent des frais annexes, que l’on découvre deux semaines après avoir effectué le premier versement, ces frais supplémentaires s’élèvent parfois à 2 000$. C’est ce qui m’est arrivé, et cela fait une énorme différence dans votre budget global. 

Garant de la bonne constitution du dossier, l’avocat d’immigration est le pilier mais aussi le chef d’orchestre pendant toute la durée de la demande. Il est au courant de toutes les finesses du droit de l’immigration américaine et de son évolution, vous assurant alors d’une demande formulée correctement et de façon complète.

Un dossier mal constitué ou aux éléments manquants est inévitablement mis sur la touche, retardant la procédure. Si un visa est refusé, il peut ensuite être plus compliqué de déposer une nouvelle demande d’où l’importance d’en choisir un bon.

J’ai également découvert qu’en payant un supplément de 1500$ le traitement du dossier pouvait aller plus vite. C’est-à-dire qu’au lieu de trois mois d’attente pour un visa P1 par exemple, le délai était réduit à deux semaines. L’argent a des pouvoirs magiques indéniables au pays du capitalisme.

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